En quoi consiste la pratique du Tai-Chi ?

Mis à jour le : 12 juillet 2021
Temps de lecture : 3 min

Formulé de manière lapidaire, et bien que la pratique du Tai-Chi soit loin de se résumer à cela, le coeur de l’entraînement du Tai Chi Chuan consiste en la pratique lente d’un enchaînement codifié de mouvements d’origine martiale, appelé tào lù 套路 (taolu, équivalent  des kata en karaté). Basé sur une connaissance empirique fine de la biomécanique humaine, l’objectif premier de l’entraînement est la coordination parfaite de toutes les parties du corps.

 

Il est important de noter que, contrairement à ce que l’on a souvent tendance à croire ou à entendre,  la lenteur de la pratique n’est pas une fin en soi mais le moyen nécessaire au développement progressif du sens proprioceptif (sens interne). C’est le perfectionnement de ce sens interne qui va permette d’aboutir à cette coordination maximale décrite à Chenjiagou par  la maxime consacrée du Tai-Chi : « Lorsqu’une partie du corps bouge, tout le corps bouge ». Si l’on fait abstraction des discours ésotériques sur « l’énergie » dans la pratique du Tai-Chi qui lui attribuent presque toujours un côté mystérieux et ineffable, l’aspect énergétique du Tai-Chi consiste concrètement en un développement de plus en plus fin des sensations internes. Ces sensations internes sont ce qu’on appelle le Qi 气 l’énergie.

 

La nature de la pratique du Tai-Chi va ainsi être différente selon le niveau du pratiquant : elle va commencer par une pratique externe, carrée, discontinue et lente et va progressivement devenir plus interne, ronde, continue et rapide. Cette progression peut se résumer en cinq grandes étapes :

Qu'est-ce que le Tai-Chi - Methode-Trois-Cercles-5-Etapes-Pratique

 

Les débuts de la pratique du Tai Chi Chuan

Lors des premiers stades de l’apprentissage du Tai-Chi, on va d’abord s’attacher à  la justesse des postures et à appliquer les règles structurelles de la Posture Préparatoire dans tous les mouvements, et particulièrement lors de chaque changement.

 

C’est la justesse des postures – et en premier lieu la correction de la position des hanches et du bassin, et l’alignement des épaules et de hanches – qui va garantir d’obtenir à la fois force et souplesse lors de la pratique du Tai-Chi. Cette première étape, souvent négligée parce que rébarbative et peu attrayante aux yeux de ceux qui veulent « apprendre des mouvements », est  en réalité fondamentale  et ne doit en aucun cas être négligée.

 

A ce stade, l’attention portée sur les mains se focalise sur la correction de leur position. La justesse de la position des mains  va, dans un premier temps, permettre de ne pas affecter le travail biomécanique fondamental sur les hanches et leur alignement avec les épaules. Une mauvaise position des mains, ou l’utilisation de trop de force dans celles-ci, se traduisant immédiatement par une altération de l’alignement des épaules ou à leur contraction, il faut pour les débutants utiliser le moins de force possible dans les mains et s’assurer du respect des règles de positionnement.

 

Ce travail de perfectionnement progressif du geste, de la structure corporelle et du sens interne va se faire lors de la pratique  du premier enchaînement yilu 一路, que l’on appelle gongfu jia 功夫架 c.à.d. « la forme pour développer le kungfu ». Dans la forme originelle du Tai-Chi, ce premier enchaînement compte 72 mouvements. Travail et chef d’oeuvre d’une vie, la pratique de la gongfu jia est celle à qui l’on va consacrer le plus de temps et celle à laquelle on va constamment revenir afin que cette habileté devienne une seconde nature. La célèbre maxime de Boileau s’applique à merveille  et semble avoir été écrite pour décrire la pratique du Tai-Chi:

 

Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelquefois, et souvent effacez

 

Les formes avancées du Tai-Chi

Comme nous l’avons expliqué plus en détails dans l’article sur les fondamentaux du Tai-Chi et la progression dans la pratique, les formes avancées du Tai-Chi sont en réalité le résultat  et l’aboutissement d’une bonne maîtrise du premier enchaînement.  Elles sont même traditionnellement tenues comme secondaires car elles ne présentent pas de nouveautés techniques et ne sont que des déclinaisons particulières du travail effectué dans le premier enchaînement. Le temps qui leur est consacré est d’ailleurs très réduit.

pratique du tai-chi chen

Le Tai Chi originel comprend trois formes avancées à mains nues : deux sont des variantes du 1er enchaînement, erceng jia et sanceng jia, et la dernière est un enchaînement différent appelé erlu paochui  « Poings Canon ». A l’inverse de la première forme, ces dernières  se pratiquent rapidement, à un rythme équivalent à celui des arts martiaux externes.

 

La pratique des armes du Tai-Chi et du tuishou

 

En complément  du travail à mains nues en solo, la pratique du Tai-Chi inclut aussi le travail des armes – notamment l’épée taiji jian 太极剑,  le sabre taiji dao 太极刀 , la hallebarde taiji dadao 太极大刀  –  et une pratique  avec partenaire appelée tuishou 推手 « pousser-mains ».

 

Dans l’enseignement traditionnel, les formes avancées, de même que la pratique des armes et du tuishou ne sont transmises qu’une fois le gongfu, l’habileté, suffisamment développé et les fondamentaux du premier enchaînement parfaitement intégrés corporellement, c.à.d. généralement au bout de trois années de pratique intensive.

 

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